Si tu venais, Seigneur, toucher nos yeux, nous serions capables de voir autrement, de regarder différemment. Tu le sais, Seigneur, notre regard s’habitue à tout, il s’habitue à la misère comme à la richesse. Nous ne savons plus voir et nous laissons à d’autres le soin de regarder pour nous. Comme si nous n’étions plus capables de nous émerveiller encore, comme si nous n’étions plus capables de nous révolter encore.

Si tu venais, Seigneur, toucher nos yeux, alors notre regard serait ensoleillé.

Si tu venais, Seigneur, toucher nos oreilles, peut-être serions-nous capables d’entendre d’autres paroles, d’autres musiques. Peut-être aussi que nous serions sensibles au cri de notre frère. Nous avons, Seigneur, une oreille sélective, nous entendons, nous écoutons ce que nous nous voulons bien entendre et écouter.

Si tu venais, Seigneur, toucher nos lèvres, peut-être que nous parlerions autrement.

Nos paroles ne sont pas toujours des paroles douces, des paroles de paix ou d’amour.

Si tu venais, nous apprendrions les paroles du cœur, celles qui touchent l’homme, qui sont capables de le transformer et de nous transformer avec. Si tu venais, Seigneur, toucher nos lèvres, nous inventerions des mots

de fraternité, d’amitié, d’amour.

Si tu venais, Seigneur, toucher notre cœur, notre corps ne serait plus le même ; et plus que notre corps, notre être tout entier serait tendu vers toi. Nous serions comme des corps de gloire, des corps de vie et de lumière.

Ah, si tu venais, Seigneur, nous serions transfigurés.

« Nous attendons notre Sauveur, Le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps de gloire. » Philippiens 3, 20-21