« Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel. ». Est-ce simplement la perspective d’arriver un jour au ciel qui nous pousse à nous réjouir des malheurs qui nous arrivent ? Est-ce cela que le texte veut dire : vos souffrances seront récompensées ?
La réponse se trouve dans le fait de ne pas voir la récompense au futur, de ne pas voir le ciel lointain, au-delà de l’instant présent mais au contraire tout proche, ici et maintenant.
Il y a une joie à trouver, plus profonde que tous nos malheurs. Il y a une béatitude à trouver qui surpasse tous les aléas de la vie. C’est cette joie profonde, accessible dès ici-bas, dont nous parle ici le Christ. On n’est pas plus heureux parce que l’on est pauvre, que l’on a faim ou que l’on endure le mépris !On n’est pas plus récompensé parce que l’on souffre !
Mais il y a une proximité avec Dieu à trouver dès à présent, une conscience de sa présence à nos cotés et de son amour infini à maintenir en toutes circonstances, qui permettent d’endurer la souffrance et les malheurs le cœur infiniment plus léger. Il y a une proximité avec l’Esprit Saint possible dès maintenant qui donne le sentiment d’être déjà au ciel. Il y a une vie mystique avec le Christ qui permet d’endurer tout jusqu’à, malgré la souffrance et paradoxalement, susciter toujours le sentiment de la joie – la joie d’être, malgré tout, aimé plus que tout au monde par Dieu.
La joie que promettent les béatitudes n’est pas celle d’une récompense à venir. Elle est celle d’un don préalable, celui de la rencontre mystique avec le Christ possible dès maintenant et qui change tout.
Heureux es-tu si tu as la foi suffisante pour affronter le mépris.
Heureux es-tu si tu as la foi suffisante pour affronter la maladie.
Heureux es-tu si tu as la foi suffisante pour faire face à toutes les pauvretés.
Car ton cœur déjà est dans le ciel.
Père Sylvain Apenouvor