Allons de l’avant en Eglise avec les pauvres

samedi 12 octobre 2013

Le rassemblement « Diaconia », vécue en mai 2013, a invité l’Église à se souvenir de ce qu’elle est, à recevoir à nouveau sa vocation à la fraternité, à se laisser presser par l’urgence de rejoindre ceux qui sont menacés de ne plus compter aux yeux des autres. C’est ce que le pape François ne cesse de nous dire, en nous invitant à « aller aux périphéries »...

Dans les pas du Serviteur

La question posée à Jésus par le légiste : « Qui est mon prochain ? » et la réponse de Jésus : « qui s’est montré le prochain de l’homme blessé ? » (Lc 10, 29-37) indiquent bien dans quelle dynamique l’Évangile invite à entrer. Être chrétien conduit à ouvrir les yeux, à passer du souci de sa propre vie à une passion pour le frère, spécialement celui qui est abandonné, seul, en détresse. Et cet exode est à refaire sans cesse. Nous n’en serons jamais quittes. Ce chemin n’est pas seulement une sorte d’obligation morale, une exigence éthique, bien que ce type de ressort contribue aussi à nous mettre en route. Plus profondément, c’est une invitation à rejoindre le Christ, lui qui n’a eu de cesse que de retrouver les membres de l’humanité en souffrance ou maintenus sur le bord de la route. Il y a là pour chaque chrétien un mystérieux rendez-vous. De fait, nous avons souvent fait l’expérience que le temps passé avec ceux qui vivent dans de grandes précarités est un chemin de vérité, de simplicité, de paix intérieure et même de joie. Certes, il est rarement de tout repos, mais il conduit aux sources de la vraie vie, là où la présence de Dieu se fait plus sensible.[...]

Cette attention privilégiée aux plus pauvres, aux souffrants, à ceux dont la vie est très précaire, est indispensable à l’Église. Ils sont pour elle un guide sûr vers le Dieu vivant et vrai. Une communauté qui a la chance de pouvoir cheminer avec les plus fragiles reçoit l’Evangile avec beaucoup de force et de vigueur : la Bonne Nouvelle devient plus désirable quand on la désire avec ceux qui en ont absolument besoin pour vivre. Elle prend force lorsqu’on entend, chez ceux dont on est tenté de désespérer, son pouvoir d’appeler à l’existence. Elle élargit le regard. On peut goûter la paix qu’elle répand, quand on voit des personnes dont la vie est hantée par mille cauchemars accueillir la confiance que donne cette Bonne Nouvelle. On finit par comprendre qu’à sa lumière, il n’y a ni bons ni mauvais, mais des hommes et des femmes aux histoires compliquées et qui avancent comme ils peuvent.On découvre combien elle est dérangeante, quand on s’aperçoit qu’elle met en cause nos manières de nous organiser. Trop souvent ne laissons-nous pas de côté ceux qui sont moins efficaces ? Or ce sont précisément les petits, les enfants, les pauvres, les personnes touchées dans leur santé, leur corps, leur intelligence, qui connaissent le secret des chemins les plus directs de cette Bonne Nouvelle. [...]

La fraternité passe par une attention prioritaire aux plus fragiles, sans quoi elle peut se transformer en une association de défense d’une cause, d’une identité, d’un patrimoine, bref, de quelque chose qui s’auto-promeut. On risque alors d’entrer dans les logiques de nos sociétés qui laissent de côté les moins performants. Le fait que Jésus ait exprimé sa mission comme annonce de la Bonne nouvelle aux pauvres (Luc 4, 16-30) et qu’il s’identifie aux pauvres (Mat 25, 31-46) atteste que cette fraternité passe par une attention prioritaire au plus fragile. Elle en est même le cœur et le fondement. C’est à cette fraternité non-excluante des personnes les plus fragiles que le Christ nous appelle à vivre.


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